Onychomycose : formes, diagnostic et traitements d’une infection par champignons

onychomycose

L’onychomycose est une maladie courante, à l’origine de lésions des ongles pouvant toucher les orteils et les doigts. Elles sont provoquées par des champignons microscopiques qui infectent les tissus cellulaires en les dégradant progressivement.

Le rôle des champignons infectieux dans certaines maladies

Il existe plusieurs types de champignons ayant un pouvoir infectieux. Chacun dispose de ses propres caractéristiques mais tous se développent dans des endroits chauds, sombres et humides, tels que les chaussures. Leur distinction et leur classification en grandes familles permet de mettre en évidence 2 types d’infections majeures : les dermatophytoses et les candidoses.

1. Les dermatophytoses

Les dermatophytes sont des champignons microscopiques qui produisent de multiples spores. Les spores sont des cellules de reproduction constituant une des étapes du cycle de vie de nombreux champignons et bactéries, voire de certains parasites. Les dermatophytes se nourrissent de kératine, une protéine qui compose l’ongle mais aussi la peau et les cheveux. On parle souvent de dermatophytose pour décrire une infection par ce champignon. L’onychomycose en est donc une forme qui concerne uniquement les ongles.
Les dermatophytes sont classés en 3 grandes espèces qui sont fonction de leur mode de transmission et de contamination.

  • Les espèces anthropophiles : ce sont des parasites exclusivement humains. Ils se transmettent par les contacts, les tissus (linge de maison, vêtements) ou les sols. Les plus fréquents sont les parasites de la famille des Trichophytons. Ce sont généralement eux qui infectent l’ongle. On parle alors d’onychomycose trichophytique. Le Trichophyton rubrum est en cause dans environ 90% des cas. Le Trichophyton interdigitale, quant à lui, est à l’origine d’environ 10% des cas d’onychomycose (1).
  • Les anthropo-zoophiles : il s’agit de parasites qui affectent l’homme par l’intermédiaire d’un animal contaminé. Différents champignons peuvent être transmis. Le plus fréquent est le Microsporum canis, un champignon porté et véhiculé par le chat. D’autres tels que le Trichophyton mentagrophytes ou le Tichophyton ochraceum sont transmis par les rongeurs, les chevaux et les bovidés. Les dermatoses provoquées par ces agents infectieux touchent essentiellement le cuir chevelu (parfois les ongles). On parle alors de teigne.
  • Les géophiles (aussi appelés telluriques) : ils se trouvent et se développent sur les sols. Ils infectent généralement l’homme en passant directement par la peau, notamment au niveau de la plante des pieds. On parle alors de kérions (une forme de teigne).

2. Les candidoses

Les levures sont des champignons unicellulaires (à une cellule) capables de fermenter les matières organiques animales ou végétales. Il existe plusieurs types de levures dont la plupart sont utilisées dans l’alimentation, comme par exemple pour la fabrication du pain. Mais certaines espèces particulières possèdent un pouvoir pathogène (pouvoir de provoquer une maladie) sur l’homme. Le genre Candida est le plus fréquent et le plus connu. Il comprend plusieurs variétés de champignon pouvant affecter l’homme. On parle alors de candidose. La levure candida albican demeure le champignon le plus fréquemment impliqué dans l’apparition des candidoses. En outre, il fait partie intégrante de l’organisme humain. Il est présent dans le tube digestif, et en faible quantité dans la flore vaginale.
Il existe trois grandes formes de candidoses, pour lesquelles le candida albican est responsable à plus de 70% (2).

  • Les candidoses cutanéomuqueuses sont des infections touchant la peau et les muqueuses (parois internes de certains organes). La candidose buccale est la plus courante. Elle est suivie de près par les candidoses anales et vaginales (vulvovaginite).
  • Les candidoses œsophagiennes sont généralement des complications de candidoses buccales se déclarant chez les personnes dont les défenses immunitaires sont faibles. Elles touchent l’œsophage en provoquant une inflammation.
  • Les candidoses systémiques sont des pathologies rares mais graves. 40% des personnes atteintes décèdent à la suite de cette infection (3). Elles touchent le système immunitaire de manière global en profitant de facteurs favorisant pour se développer (cathéters intraveineux, ulcération des muqueuses, interventions chirurgicales digestives, etc).

Zoom sur l’onychomycose

L’onychomycose est une infection courante qui atteint de 4 à 5 millions de français. Elle semble étroitement liée à l’âge, puisque si les enfants sont rarement concernés, environ 30% des personnes de 70 ans ou plus développent la maladie (4).

1. Les formes d’onychomycose

En avril 2007, la Société Française de Dermatologie (SFD) a publié un rapport de recommandations professionnelles sur le diagnostic et le traitement de l’onychomycose. En effet, la SFD différencie 4 formes d’onychomycose qui sont caractérisées par l’agent infectieux, le stade de la maladie et sa localisation (5).

  • L’onychomycose sous-unguéales est la plus fréquente. Elle est due à des dermatophytes qui commencent par infecter l’ongle en passant sur le côté ou en se développant à partir des tissus profonds. On parle respectivement d’onychomycose (sous-unguéales) distolatérales et proximale. L’affection se traduit par l’apparition d’un ongle friable de couleur jaunâtre ou blanchâtre qui finit progressivement par se décoller. A noter que la forme proximale est très rare car elle est propre aux individus immunosupprimés.
  • L’onychomycose blanche superficielle (OBS) aussi appelée leuconychie superficielle atteint uniquement les ongles des orteils. Elle est caractérisée par l’apparition de taches blanches qui s’étendent à l’ensemble de l’ongle au fur et à mesure que le champignon (trichophyton) prolifère. La surface de l’ongle est d’abord rugueuse, avant de devenir friable.
  • L’onychomycose candidosique se développe chez les personnes atteintes d’une candidose cutanéomuqueuse chronique. Elle est souvent soumise à des erreurs de diagnostic tant ses similarités avec l’onychomycose sous-unguéales sont nombreuses. La surface de l’ongle est opaque et rugueuse.
  • L’onychomycodystrophie totale est le plus souvent le résultat logique de la dégradation des ongles provoquées par les autres formes d’onychomycose. Autrement-dit, ces infections sont secondaires. Il s’agit d’une forme terminale des types précédemment décrits, se traduisant par une perte généralement définitive de l’ongle.

2. L’analyse médicale et l’adaptation des traitements

Traité à temps, l’onychomycose n’est pas dangereuse et se soigne même très bien. Néanmoins, il n’est pas toujours évident de déceler cette maladie souvent asymptomatique (sans symptôme) pendant les premiers temps de l’infection. Le diagnostic est donc primordial. D’ailleurs, la Société française de dermatologie préconise de ne jamais commencer un traitement sans avoir réalisé d’examen. Le traitement doit être adapté en fonction de l’agent infectieux et du type clinique d’onychomycose.
Il est possible de confirmer le diagnostic par un examen médical qui consiste à prélever un morceau d’ongle afin de l’analyser. Plusieurs techniques peuvent être envisagées.

  • L’utilisation d’hydroxyde de potassium : cette technique peut être très efficace, mais elle à un taux de faux-négatifs très élevé.
  • La culture d’un échantillon : elle consiste à gratter ou couper l’ongle avant de le placer en culture. La rapidité de développement des champignons sous l’influence de produits favorisant leur croissance permet d’obtenir un résultat en peu de temps.
  • Une biopsie de l’ongle : elle consiste à colorer l’ongle à l’aide d’acide périodique afin de mettre les spores en évidence.

Les résultats de ces examens conduiront les médecins à prescrire aux patients des médicaments à actions générales ou locales. Il s’agit généralement d’antifongiques (contre les champignons) sous forme de comprimés oraux ou de crèmes, gels et pommades à appliquer sur l’ongle. Souvent, ce traitement s’accompagne de la pose d’un pansement afin de prévenir le décollement de l’ongle.